Avec la publication du nouveau plan d’action national LGBTIQ+ (PAN), le gouvernement envoie un signal fort : l’égalité et la protection des personnes LGBTIQ+ restent des objectifs déclarés de la politique. Rosa Lëtzebuerg asbl se félicite que de nombreuses préoccupations de la communauté aient été prises en compte et que de nombreuses mesures aient été formulées dans les domaines de la sensibilisation, de l’éducation, de la santé et du soutien.
Les revendications politiques présentées en amont par Rosa Lëtzebuerg sont le fruit d’un vaste processus interne : en tant qu’organisation faîtière, nous avons élaboré, en collaboration avec nos organisations membres et des représentant·e·s de la communauté, un document de position complet dans le cadre de plusieurs ateliers, en complément de notre [https://rosaletzebuerg .lu/ueber-uns/forderungen /]. Ce document reflète les besoins et les attentes concrets des personnes queer au Luxembourg. Il est donc non seulement fondé sur des données techniques, mais également soutenu par une large partie de la communauté.
Rosa Lëtzebuerg se félicite que de nombreux éléments de ce document de position aient été repris dans le plan d’action. Il convient notamment de souligner l’engagement manifeste du ministère de l’Égalité et de la Diversité (MEGA) à associer activement la société civile à l’élaboration du plan d’action. Au cours de plusieurs phases, des organisations queer, dont Rosa Lëtzebuerg asbl, ont été invitées à partager leur expertise et leurs points de vue. Cette forme de dialogue structuré constitue une avancée importante vers une élaboration participative des politiques, que nous saluons expressément.
Dans le même temps, le bilan global est toutefois décevant : si les ambitions du MEGA sont clairement identifiables et reflètent une volonté sincère de progresser, il apparaît clairement que la volonté politique de procéder à des changements structurels n’est pas partagée avec la même détermination par l’ensemble du gouvernement. Il existe des écarts considérables entre les déclarations d’intention bien intentionnées et leur mise en œuvre politique effective dans plusieurs domaines.
Ce qu’il faut maintenant, c’est une action cohérente et interministérielle de tous les ministères, car l’égalité ne doit pas être considérée comme la tâche d’un seul ministère, mais comme une responsabilité politique de l’ensemble du gouvernement.
Dans plusieurs domaines centraux pour Rosa Lëtzebuerg, notamment ceux qui concernent des avancées juridiques concrètes et des améliorations tangibles dans la vie quotidienne des personnes queer, le nouveau plan d’action reste en deçà des attentes.
Nous sommes particulièrement critiques dans le domaine de la santé. Malgré plusieurs discussions et même une réunion d’urgence spécialement convoquée avec le ministère de la Santé, deux revendications centrales de notre organisation n’ont pas été reprises dans le PAN. Il manque toujours un engagement clair en faveur de l’interdiction des opérations de changement de sexe sur les enfants intersexués, une revendication de longue date de Rosa Lëtzebuerg, pour laquelle le gouvernement précédent avait déjà promis un projet de loi avant fin 2021. De même, l’accès aux soins de santé pour les personnes transgenres reste soumis à des conditions qui vont à l’encontre du droit à l’autodétermination. Ces reculs par rapport au plan d’action précédent sont particulièrement regrettables et, de notre point de vue, incompréhensibles.
Un autre point faible réside dans la multiplication des références non contraignantes à la création de groupes de travail. Plusieurs groupes de ce type ont déjà été créés par le passé, souvent sans résultats notables qui se seraient traduits dans la législation. De nombreuses questions font l’objet de discussions au sein de groupes de travail depuis plus de dix ans, mais il serait désormais temps que l’analyse et les débats débouchent enfin sur des mesures politiques contraignantes.
Rosa Lëtzebuerg demande donc une implication structurée, durable et dotée de ressources de la société civile queer dans tous les organes concernés. Une implication sérieuse ne peut se limiter à une simple invitation : elle doit être facilement accessible et ne pas être entravée par un manque de ressources.
Dans le domaine de l’éducation également, le plan d’action reste trop vague quant à son contenu. Pour Rosa Lëtzebuerg, une chose est sûre : une amélioration durable des conditions de vie des personnes LGBTIQ+ passe par un travail de sensibilisation approfondi dans le cadre de la formation des principaux groupes professionnels. Nous demandons donc que les contenus relatifs à la diversité sexuelle, romantique et de genre soient intégrés de manière obligatoire dans la formation initiale des enseignants de tous les niveaux scolaires ainsi que des professionnels de la santé. C’est la seule façon de garantir un traitement professionnel et respectueux des personnes queer et de lutter efficacement et durablement contre la discrimination, la tabouisation et l’insécurité.
Conclusion :
Le nouveau plan d’action est un pas important dans la bonne direction, mais il reste trop prudent, trop vague et trop disparate sur des points essentiels. Rosa Lëtzebuerg asbl suivra de près la suite du processus, s’impliquera de manière constructive et continuera à affirmer clairement que les droits et les réalités quotidiennes des personnes LGBTIQ+ ne peuvent être négociés ou reportés, mais doivent être concrètement protégés et promus.